Catégories
Divers

Mesurer le stress du petit patron et la « souffrance du licencieur »

 » Parler de la souffrance des patrons en temps de crise, vu de loin, ça a l’air d’une nouvelle manifestation du collectif Sauvons les riches. Olivier Torres, chercheur en gestion de l’université de Montpellier prépare pourtant Amarok, un observatoire de la santé des dirigeants de PME. Il nous explique pourquoi. »

Article sur RUE89 :

 » Ça semble un peu provocateur de parler aujourd’hui des souffrances des patrons

Il y a deux patronats. Je ne vais pas vous parler des entreprises du CAC40. Christophe de Margerie, par exemple, n’est pas un patron. C’est un cadre dirigeant salarié. Je parle de celui qui engage son capital et son patrimoine : l’artisan qui a deux salariés, le commerçant qui travaille avec sa femme et quelques autres. 98% des entreprises en France sont des PME.

La différence entre un grand groupe multinational et une PME, c’est que le premier fait du management à distance. Quand Louis Schweitzer à l’époque où il était chez Renault décide de fermer l’usine Vilvoorde en Belgique, il ne le fait pas de gaité de cur, mais quand il prend sa décision, il n’est pas seul. Les travaux psychologiques de Serge Moscovici montrent qu’il est plus facile de prendre une décision dure quand on est plusieurs que quand on est tout seul.

Ensuite, il va déléguer le plan social à un DRH qui le déléguera à un directeur de site qui, peut-être, déléguera à un cabinet de consultants. Un patron d’une société d’électricité de quatre personnes qui doit se séparer de quelqu’un prend la décision seul. Il n’y a pas de division du travail, c’est lui qui va annoncer la décision Il connaît la famille de la personne. Dans une PME, on se voit tous les jours.

En cas de licenciement, la première souffrance, c’est celle du licencié. Mais dans le cas de la PME, il y a aussi la souffrance du licencieur, c’est un traumatisme pour toute la boite… «